Le label/distro et organisateur de concerts MASS PROD, basé à Rennes (35), vient de déprogrammer unilatéralement LA SOURIS DEGLINGUEE, qui figurait initialement parmi les têtes d'affiche d'un festival qui doit avoir lieu début octobre 2015. L'officine s'est ainsi fendue d'un laconique statut publié sur sa page Facebook :
En cause, l'impardonnable "crime" commis par LSD, en acceptant dernièrement de se produire à Fréjus, ville tenue par le maire David Rachline (FN), et ce en partageant l'affiche avec d'autres groupes dont les convictions des membres ont le tort de déplaire aux citoyens de MASS PROD...
Pourquoi cela ne me surprend-il pas outre mesure, au final ? Il y a belle lurette que je ne me fais plus aucune illusions au sujet du microcosme hexagonal en général, et rennais en particulier, microcosme qui comme chacun sait est désormais pourri jusqu'à la moelle. Je parle en toute connaissance de cause, pour avoir été l'un des premiers à en avoir fait les frais. L'ostracisme, les calomnies, les raccourcis ineptes et les amalgames abusifs ayant commencé à me prendre pour cible dès 1990, j'ai eu tout loisir d'observer la gangrène gaucharde/"antifa" étendre progressivement son emprise sur l'ensemble du milieu rock, jusqu'à atteindre le stade d'infection généralisée que nous connaissons aujourd'hui. Le regard extérieur est souvent porteur de lucidé.
Les petits commissaires politiques et leurs nervis au QI d'huîtres n'étaient pourtant pas si nombreux, à l'origine. Mais pour réaliser leur hold up culturel, ils auront pleinement bénéficié de la complicité passive voire active d'une masse non négligeable de collabos plus ou moins motivés, soucieux par dessus tout de s'adapter à la nouvelle donne, et de ne surtout pas se faire mal voir. Il s'agit d'éviter à tout prix de se retrouver à leur tour, par le procédé classique de culpabilité par association qu'affectionne tant le nouveau Guépéou, dans la charrette des condamnés, des maudits, des infréquentables. Pour cela, tous les moyens sont bons. Peu importe le degré de lâcheté, de couardise, de malhonnêteté intellectuelle qu'implique le processus.
L'essentiel est de se désolidariser ostensiblement de tout paria désigné à la vindicte populaire par la police de la pensée dominante, que cela se rapporte à des éléments réels ou imaginaires. Parmi ces collabos qui sévissent avec plus ou moins de conviction pour les besoins de la cause, on retrouve à tous les échelons une grande partie des différents acteurs de la scène : certains musiciens bien sûr, mais aussi des tenanciers de clubs et de bars, des responsables de salles de spectacles, des animateurs de labels, de VPC, de sites, blogs et fanzines ainsi, bien sûr, que des organisateurs de concerts. Tous les membres de cette hétéroclite mafia ont en commun la peur, bien réelle, de se voir mis au ban à leur tour si d'aventure ils affichaient le moindre signe de "complaisance" coupable vis à vis des pestiférés de service. Quitte à tourner le dos du jour au lendemain à n'importe qui, même à des connaissances de longue date ou à des artistes éminemment reconnus.
Les évènements en cours démontrent clairement que l'organisation de concerts bretonne dont il est ici question ne fait hélas pas exception à la règle, et c'est donc à présent à une formation aussi mythique que les grands anciens de LSD d'en faire les frais. Il faut dire aussi que, compte tenu du contexte actuel, et vu le Premier sinistre qui règne en ce moment sur l'Hexagonie, l'exemple vient de haut...
Ceci est d'autant plus cocasse -et symptomatique- de la part de MASS PROD, dont le passé du grand sachem, Vincent aka "BB Skin", n'est qu'un secret de polichinelle. Ce cher BB Skin qui, pour rappel, fut jadis skinhead d'extrême-droite, membre des BLEACH BOYS, et qui avait pour pote le responsable caennais du PNFE. Avant bien entendu de tout renier, et de s'employer méthodiquement à se refaire une virginité à bon compte, en prenant le contrôle d'une structure dont le crédo est apparemment d'aboyer avec la meute. Et d'exclure aujourd'hui sans état d'âme tous les "déviants", tous les indésirables qui ont le mauvais goût de ne pas se plier aux canons de la bien-pensance et du catéchisme politico-idéologique gauchiste. Les transfuges d'un extrême à l'autre se montrent souvent encore plus royalistes que le roi, comme le dit l'adage...
Minable, vous avez dit minable ? Comme c'est minable.
Faites comme je le fais moi-même depuis longtemps : boycottez donc tous les cancrelats "antifas" et leurs collabos, qui pourrissent littéralement la scène depuis 25 ans. Cessez d'engraisser de votre pognon des assos, labels et autres lieux dits "alternatifs" qui, par opportunisme ou par conviction/bêtise profonde, n'ont de cesse de se faire les agents zélés du terrorisme intellectuel. Il faut aussi tourner le dos à tous les groupes qui participent de près ou de loin à cet étouffant despotisme.
Cette infection n'a réussi à s'étendre et se généraliser que grâce à la passivité voire à l'indifférence des uns, et à la lâcheté des autres. Plus se feront entendre de voix dissidentes, plus elle s'affaiblira. La chape de plomb du moment n'est pas éternelle, et elle s'effondrera tôt ou tard, n'en doutons pas. Efforçons-nous de hâter ce salutaire effondrement, en refusant en toutes occasions de nous y soumettre, et en osant agir en esprits véritablement libres.
Hans CANY
ANNEXE : Bien que n'ayant jamais, à titre personnel, été fan de LSD, je reproduis ci-dessous, à titre informatif, le communiqué du groupe qui aura mis le feu aux poudres. Ceci vous permettra d'apprécier à sa juste mesure l'ampleur de la crétinerie qui enveloppe cette consternante affaire d'exclusion.
A propos de LSD à Fréjus (annexe au bulletin Lima Sierra Delta n° 84)
Les artistes musiciens qui au gré des formations constituent le groupe La Souris Déglinguée depuis 35 ans, interprètent un répertoire constitué d’une ribambelle de chansons originales, lesquelles nourrissent celles et ceux qui les entendent.
Ces artistes musiciens qui ont été aussi collégiens, lycéens, étudiants, puis manutentionnaires, représentants, employés de bureau, conscrits, soldats du feu, comptables, postiers, biffins, peintres de cinéma, figurants, vigiles, architectes, chômeurs et enseignants, sont maintenant tous proches de l’âge de la retraite. C’est la réalité, pas la légende collant au nom du groupe qui voudrait qu’un de ses membres ait aussi vendu de l’héro au Golf-Drouot.
Ces artistes musiciens qui sont célibataires, en couple, divorcés ou pères de famille, ne vivent pas ni font vivre leurs maisonnées des royautés des contrats discographiques, des droits d’auteur et des cachets reçus à l’issue des concerts ou des séances d’enregistrement.
En revanche, la musique est le sel de leur vie.
Cette musique, leur musique c’est le rock and roll à tendance punk avec des variations de pulsations puisant dans le reggae et le rythm & blues.
Les paroles des chansons de LSD ont toujours été libres, sociales, exotiques et diverses. Elles sont le reflet culturel du quotidien et du vécu d’une partie de la jeunesse née dans la deuxième moitié du XXe siècle français.
Mais ces paroles franciliennes et eurasiennes, à un moment ou à un autre, parlent à tout le monde car elles ont des aspects universels qui rassemblent le temps d’une chanson ou d’un concert des gens de toutes les classes et de toutes les origines.
Ce répertoire de chansons avant d’exister sous la forme d’enregistrements, a été conçu comme un opéra destiné à être joué sur scène, lors de concerts organisés par des promoteurs du spectacle vivant, pour un public fidèle au rendez-vous. La preuve en a été faite à l’Olympia, le 9 mai 2015 où LSD a joué à guichets fermés pour la deuxième fois de son existence.
La plupart du temps, LSD a eu affaire à des promoteurs privés du milieu associatif ou de la libre entreprise : Rock à l’Usine Paris, Chris Aspect Saint-Blaise Paris, Frisch Fleisch Strasbourg, SDG Warhead Paris, Pbox Paris, Red Skins Limoges, Valérie Casting & Mickey Cascades, Skalp Bourges, Raya pour le Tibet Libre Paris, Le Tibet voit rouge Paris, Bulles et Zik Paris, Breizh Wankers Boquého, TAF Secret Place Montpellier, Chinook Libos, Humanoïdes Foix, Saldana Foirail Bagnères, Bikini Sansonetti Toulouse, Adèle Toulouse, Allez les filles Bègles, Rude boys unity Genève, Ghetto Domengès Tarbes, Abattoirs Lillers, Hôtels Victoria Vietnam & Cambodge, Midi Festival Pékin… La liste est trop longue pour nommer tout le monde, ils et elles se reconnaîtront.
En dépit de la diversité idéologique des personnalités dirigeant ces associations ou ces entreprises de base, elles ont eu une politique commune : celle de programmer LSD.
C’est cette politique courageuse qu’il faut saluer car il n’est pas question ici d’autre chose : de la lutte que LSD et ses soutiens mènent pour survivre dans un environnement hostile contrôlé par un État nucléariste avec à sa botte des artistes officiels, grassement payés lors de méga festivals où La Souris, qui pourtant n’a plus a donner les preuves de sa professionnalité, n’a jamais été invité. Et ceci mérite d’être souligné.
Si LSD a dit okay pour se produire dans les arènes gallo-romaines de Fréjus, ville pourtant honnie de la Riviera, c’est parce que la musique de LSD retentit là où on lui en donne la possibilité.
Par ailleurs, LSD, comme tous ses contemporains, est sans cesse traversé et modelé par des idéologies de toutes sortes et de toutes tendances, et son travail, en tant que collectif artistique bien sûr mais aussi individuellement, est justement de s’en extraire autant que possible et faire l’expérience d’une liberté véritable de création et d’action.
Chacun peut mesurer la difficulté d’une telle tâche devant lequel LSD n’a jamais rechigné.
En ce qui concerne l’ambiguïté que l’on prête à La Souris Déglinguée, elle cède à l’examen de ses paroles où se lit clairement le refus libertaire de l’asservissement des consciences, des simplifications et de l’uniformisation totalitaires.
Le fait qu’à Fréjus LSD ait partagé la scène avec une première partie sulfureuse et interprète de morceaux identifiés comme ultras, peut être perçu comme shocking, mais cela est salutaire en ce qu’il donne à LSD, à ceux qui soutiennent le groupe comme à ceux qui l’excluent, l’occasion de constater à nouveau que tout comme les industries de l’information, friandes de faits divers, ont immédiatement récupéré ce qui ne fut qu’une rixe de jeunes gars éméchés dans une arène, Big Brother a vite fait ses choux gras des opinions médiocres exprimées sur le web, tant elles ont la forme dénonciatrice de crimes imaginaires.
Pour lever les dernières équivoques, ajoutons encore qu’au delà du contexte politique local, il existe des liens amicaux entre Minh Trân Long, l’organisateur du concert et Tai Luc Nguyên de LSD, tout comme il y a des échanges cordiaux avec « l’invité surprise » Xavier In Mémo croisé et salué de temps à autre dans les bars du Quartier latin ou au local de répétition commun à tous les groupes parisiens de la rive gauche. Ce choix de dialoguer, de parler, comme dans la chanson de LSD, avec Tous les Rones et les Noaches, les Rebeux et les autres, c’est ce que certains appellent le « vivre ensemble », mais chez LSD, ce n’est pas seulement un concept, c’est surtout une pratique et cela depuis très longtemps.
Bon, du coup, LSD sera encore privé de Fête de l’Huma l’année prochaine.
Rideau sur le feuilleton de l’été.
Salutations à toute la Raya.
Tango Alpha India Lima Uniform Charlie
Pa Nam, 10 août 2015