samedi 26 octobre 2019

KETCH - The Anthems of Dread [CHRONIQUE]

KETCH
The Anthems of Dread

CD Digipack

Aesthetic Death
2016


 Belle initiative d'Aesthetic Death Records avec ce pressage à 1000 exemplaires d'un digipack rassemblant sur le même CD les 6 titres de l'album du même titre initialement sorti quelques mois plus tôt en 2016, et les 4 titres de l'EP éponyme initialement autoproduit par le groupe en 2014. Ainsi baptisée d'après le nom de Jack Ketch, bourreau anglais de la seconde moitié du XVIIème siècle dont la macabre célébrité est due au caractère particulièrement sordide des exécutions publiques auxquelles il a en son temps procédé, KETCH est une formation du Colorado réunissant les talents de membres issus du groupe de Black/Doom STOIC DISSENTION, du groupe de Death/Grind ONE PER COFFIN,  ainsi que du groupe de Doom Metal psychédélique THE FLIGHT OF SLEIPNIR

 Au menu, une combinaison de Sludge et de Doom-Death Metal de très bonne facture, alliant avec une redoutable efficacité la puissance du son, la pesanteur des rythmiques, la noirceur des atmosphères et l'agressivité de vocaux incisifs qui oscillent et alternent constamment  entre Thrashcore furieux, growls inhumains et gutturaux de type Death Metal et vociférations démoniaques façon Black Metal. Le tempo général est plutôt lent comme il se doit, marqué par une lourdeur écrasante et soutenu par des riffs qui, sans être d'une originalité transcendante en matière de Doom et de Sludge, ont toutefois le mérite de faire brillamment honneur à la tradition.

dimanche 20 octobre 2019

MEKIGAH - Litost [CHRONIQUE]

MEKIGAH 
Litost
CD

Aesthetic Death
2014


La chose n'étant en soi guère courante, mettons le cap sur la Tasmanie, une grande île montagneuse isolée et sauvage, battue par les vents océaniques et perdue à 200 kilomètres au large des côtes sud-est de l'Australie. Au coeur des  profondeurs humides et ténébreuses de ses luxuriantes forêts se terrent d'hallucinantes entités musicales  rivalisant toutes d'étrangeté, et ayant en commun de ne guère ressembler à ce qui se fait ailleurs. Parmi elles citons à titre d'exemple ThrOes, projet de Metal extrême inclassable dont Aesthetic Death a d'ailleurs également produit un album en 2016. Mentionnons aussi bien évidemment STRIBORG, qui oeuvrait primitivement dans le registre d'un Black Metal brut, cauchemardesque et complètement autistique, avant de se reconvertir dans un Dark Ambient minimaliste et spectral, tout aussi cauchemardesque.

Et pour faire honneur à la tradition de grande bizarrerie qui semble être devenue norme sur cette mystérieuse
île des antipodes, voici donc venir MEKIGAH, dont Litost, sorti en 2014, constitue le troisième album.

Le style de MEKIGAH sort à ce point des sentiers battus qu'il est pour ainsi dire impossible de la catégoriser précisément en le rangeant dans telle ou telle case convenue d'avance. Et à vrai dire, rien n'est véritablement convenu d'avance avec ce groupe énigmatique qui semble tout droit sorti d'un autre monde, son caractère fondamentalement avant-gardiste et expérimental le rendant imprévisible non seulement d'un disque à l'autre, mais même d'un morceau à l'autre... Alors à quoi donc s'attendre ici, globalement ? Entre Dark Ambient et musique de film d'angoisse ou d'épouvante, post-industriel aux sonorités saturées,  et Doom Metal agrémenté ça et là de quelques notes de Folk assombrie (guitare sèche, piano, violon...), il s'agit d'une expérience pour le moins singulière qui invite à l'introspection et au voyage psychique, sur fond d'atmosphères singulièrement oppressantes.

vendredi 18 octobre 2019

DEVIATE DAMAEN - In Sanctitate, Benignitatis Non Miseretur ! [CHRONIQUE]

DEVIATE DAMAEN
 In Sanctitate, Benignitatis Non Miseretur !

CD

Masked Dead Records
2019

D'entrée de jeu, avec une très longue intro de spoken words qui ouvre l'album en s'étalant sur près de dix minutes, ce n'était pas gagné. Je n'ai pu m'empêcher de penser que chroniquer une telle oeuvre relevait de la gageure pour quiconque ne maîtrise pas la langue de Dante... ce qui est précisément mon cas. Et l'exercice semblait se corser d'autant plus que la musique, débutant enfin, sort à ce point des sentiers battus qu'elle parait complètement délirante et décousue, caricaturale et grandiloquente, comme si elle ne relevait finalement que de la farce, de la parodie... Premières impressions pour le moins mitigées, donc. Mais celles-ci allaient par la suite se nuancer au point de quasiment s'inverser, comme on pourra le voir en lisant ce qui suit.

DEVIATE DAMAEN est à peu près inconnu sous nos cieux, et en ce qui me concerne, je n'en avais d'ailleurs jamais entendu parler auparavant. Le groupe, notamment connu pour son discours  politiquement incorrect, n'est pourtant pas un nouveau venu, puisqu'il a réalisé son premier album voici déjà vingt ans chez Avantgarde Music, et qu'il bénéficie en outre depuis déjà longtemps d'une certaine notoriété au sein du public transalpin. Non pas qu'il s'agisse d'un nom célébrissime en Italie, mais il fait néanmoins figure de formation culte auprès d'un certain nombre de connaisseurs. Et c'est donc à Masked Dead Records, label underground italien qui s'est spécialisé dans l'édition d'artistes avant-gardistes et volontiers atypique, qu'échoit l'honneur de réaliser ce nouvel -et quatrième- album. La présentation du CD est soignée, et il est accompagné d'un somptueux livret de 16 pages comprenant photos, illustrations diverses, intégralité des paroles et plus encore.

Entrons à présent dans le vif du sujet, en abordant un style qu'il est plutôt difficile de décrire, et qui ne saurait se résumer à une étiquette très précise, aussi improbable et composite soit-elle.