Plus de deux décennies après un premier entretien publié dans le N° 4 (juin 1998) du fanzine papier WARDANCE, DEAD SOULS RISING, qui effectue aujourd'hui son grand retour, me fait l'honneur de m'accorder la toute nouvelle interview que voici. L'occasion pour le duo d'évoquer, entre autres choses, la sortie relativement récente de son dernier album en date, ainsi que celle, sous peu, d'un prochain opus d'ores et déjà enregistré...
Et en guise de bonus, vous trouverez à la suite une retranscription de l'interview de 1998 dans son intégralité !
(Séquence nostalgie : que demande le peuple ?)
Entretien avec Alastrelle (chant) et Sébastien (guitare)
Propos recueillis par Hans Cany en exclusivité pour WARDANCE,
le 20 octobre 2021
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Bonjour Alastrelle et Sébastien. Plus de vingt-trois ans se sont écoulés depuis notre précédent entretien, et depuis le temps, j’avoue n’avoir plus guère eu espoir de voir DEAD SOULS RISING refaire surface… Qu’est-ce qui vous a aujourd’hui décidés à réactiver le groupe ? Et d’ailleurs, était-il juste en sommeil, en «stand by» depuis toutes ces années, ou bien était-il bel et bien splitté, auquel cas il s’agirait donc d’une reformation ?…
Bonjour Hans. Nous avons splitté puis reformé DEAD SOULS RISING avec la formule originale (Alastrelle-Sébastien), car faire de la musique ensemble nous manquait. Nous t’avouons que ni toi ni nous, ne nous doutions de cette reformation, la vie nous réserve bien des surprises !
On constate avec plaisir le grand retour de Seb, membre originel de DEAD SOULS RISING, dans cette nouvelle mouture du groupe. Qu’est-ce qui l’a motivé à reprendre ainsi du service ?
Seb : Faire de la musique avec Alastrelle me manquait également. Une pause de 23 ans me paraît complètement surréaliste. Quand nous avons recommencé à composer, nous avons retrouvé la même facilité de créer des chansons que lorsque nous avions 20 ans. Les chansons d’ Isadora sont nées très rapidement et ça m’a motivé pour reprendre DEAD SOULS RISING où nous l’avions laissé en 97.
Vous nous revenez donc avec un nouvel album qui sonne très différemment de vos opus précédents… Pouvez-vous le présenter et nous en dire quelques mots ?
Alastrelle : Isadora est un album de 11 titres qui laisse libre cours à notre imagination en matière de de création et musicalité, chaque chanson nous transporte dans son univers, ce qui peut paraitre déroutant à la première écoute !
Seb : Nos deux premiers albums étaient très Dark, nous aimons toujours les ambiances sombres, mais nos goûts musicaux se sont élargis et ça doit s’entendre sur l’album.
Apparemment le pressage physique en CD digifile est extrêmement limité, puisqu’il ne compte que 200 exemplaires… Pour des raisons budgétaires, je présume ? Est-ce que c’est vous-mêmes ou le label qui avez décidé de privilégier plutôt le format numérique ? Alastrelle : Les CDs ne se vendent plus du tout comme avant, alors nous avons fait un premier pressage de 200 exemplaires pour les fans qui nous l’on demandé. Mais à la base, ce n’était même pas prévu !
J’imagine que la crise dite « sanitaire » qui nous est tous tombée dessus sans crier gare début 2020, et dont on ne voit toujours pas l’issue à ce jour, a dû sérieusement impacter vos activités… Quelles sont les difficultés auxquelles vous avez dû – et devez sans doute toujours – faire face ? Est-ce que cela n’a pas gêné la visibilité du retour de DEAD SOULS RISING et de la sortie d’ « Isadora » ?
Alastrelle : La crise sanitaire a bien sur impacté tous les groupes et artistes, le bon coté des choses est que nous avons pu avancer sur un nouvel album de DEAD SOULS RISING qui verra le jour bientôt !
Seb : Nous n’avions pas de « plan de sortie » pour Isadora, un retour après autant d’années et sans l’appui d’un label est compliqué. Nous aimons les nouvelles chansons autant que les anciennes. Nous espérons que notre public du début découvrira ces nouveaux titres et les appréciera.
Votre premier album « Ars Magica » était assez marqué par des thèmes tels que la magie, les sciences occultes, les arcanes de la mort et le romantisme noir. Qu’en est-il aujourd’hui sur « Isadora » ?
Ars Magica est une invitation à un voyage onirique. Chaque chanson était écrite comme une histoire imaginaire, nous étions jeunes et c’était très instinctif, nous sortions de l’adolescence, et avions des démons à extérioriser.
Avec Isadora, nous avons exprimé tout ce que nous avions en nous, sans nous poser de question, il est surprenant car il part dans plein de directions, chaque chanson nous emmène dans un univers différent et c’est ce qui nous plait !
Si votre nouveau disque sonne moins résolument Goth et Darkwave que vos premiers, vous sentez-vous pour autant toujours en phase avec cette subculture ? Vous considérez-vous encore partie prenante aujourd’hui, ou bien voyez-vous cela comme une phase de votre passé ?
Nous voyons cela comme la continuité de notre passé, Isadora n’aurait pu exister sans cette subculture. Nous nous sentons toujours en phase avec la musique qui a bercé notre adolescence, Nous adorons le coté Dark nous n’excluons pas de faire une suite à Ars Magica !
DEAD SOULS RISING sur scène à Strasbourg, le 27 juillet 1996
Et aujourd’hui, quelles sont vos références favorites en matière de musique, de littérature, d’art etc. ? Penses-tu que vos goûts personnels influencent vos compositions actuelles de la même manière qu’elles ont pu le faire naguère ?
Alastrelle : En matière de musique, c’est plutôt Old school, j’aime toujours les groupes que j’écoutais adolescente et j’aime danser sur la Dark-Wave ! Oui bien sûr je pense que les groupes que nous écoutions jadis et encore aujourd’hui influenceront toujours notre musique ! Idem pour les livres que nous lisons ou les films que nous regardons, le petit truc en plus c’est que nous avons muri et acquis une expérience, de ce fait, nous pouvons avoir une réflexion sur la vie que nous n’avions pas adolescents.
Seb : J’aime toujours autant les groupes qui ont créés la scène dark (BAUHAUS, JOY DIVISION, THE CURE, SIOUXSIE, AND ALSO THE TREES…), mais dans les groupes actuels je préfère la scène Post-Punk dans la lignée de THE MURDER CAPITAL et FONTAINES DC ou des artistes comme Jehnny Beth, Nadine Shah ou le son noisy de A PLACE TO BURY STRANGERS. J’oublie certainement plein d’artistes que j’admire.
Alastrelle, on a eu l’excellente surprise de t’entendre sur le dernier album en date de MEPHISTO WALZ, avec ta remarquable interprétation d’une chanson aux accents Pop Rock intitulée « Like the Wind ». Chanson qui fait d’ailleurs l’objet d’un clip vidéo sur lequel Alastrelle se livre à une très belle prestation aux côtés de l’excellent Bari-Bari. La grande classe ! Comment cette collaboration a-t-elle vu le jour ? Est-ce Bari-Bari qui t’a sollicitée spontanément dans ce but, ou bien étiez-vous déjà en contact avant cela ?
Alastrelle : Nous avions posté le clip de notre chanson « Lamento » sur Facebook et Bari Bari à liké le post en nous félicitant, nous ne le connaissions pas personnellement auparavant. Il m’a contactée car il cherchait une interprète pour « Like the wind », et j’ai accepté l’invitation ! Une surprise de plus 😊
MEPHISTO WALZ - "Like the Wind"
Toujours à propos de « Like the Wind », j’ai lu et entendu ici et là des avis contradictoires au sujet de cette chanson. Il s’agit apparemment d’une reprise, dont le compositeur est indiqué comme « inconnu » sur la pochette de l’album, et de fait, la chanson a quelque chose de familier à l’oreille, un peu comme s’il s’agissait d ‘un tube des années 80 tiré des limbes de l’oubli. Et pourtant, personne ne semble pouvoir mettre un nom sur l’interprète original(e) de l’œuvre... Voilà qui est pour le moins singulier ! Toi qui en es de facto la nouvelle interprète, serais-tu donc en mesure d’élucider cet intrigant mystère ?
Alastrelle : Je n’en sais pas plus que toi au sujet de « The Most Mysterious Song », il faudrait poser la question à Bari-Bari !
Que ce soit au niveau du groupe ou sur un plan plus personnel, avez-vous des projets ? Comment envisagez-vous le futur à court ou moyen terme, si tant est que l’on puisse encore se projeter dans un quelconque avenir, compte tenu du contexte actuel ?
Alastrelle : Comme nous te l’avons dit en exclusivité (lol) la sortie d’un nouvel LP est à venir pour très bientôt et d’autres surprises !
Seb : Effectivement un nouvel album est terminé et nous avons déjà en tête de sombres mélodies pour un peu plus tard…
Eh bien merci beaucoup à tous deux de m’avoir accordé un peu de votre temps pour mener à bien cette interview. Pour conclure, as-tu quelque chose à ajouter ? Des personnes à saluer ? Le mot de la fin ?...
Tout d’abord un grand Merci à toi Hans 😊
Nous remercions également nos fans et nos amis qui nous soutiennent depuis la création du groupe !
************************************ DEAD SOULS RISING DISCOGRAPHIE . Ars Magicaalbum, Darkside 1995 . Scented Gardenalbum, Darkside 1997 . Clepsydre 1993-1999compilation (Demos + Live), Darkside 1999 . Isadoraalbum, Mysis Records 2019
L’interview qui suit, originellement publiée en juin 1998 dans le
numéro 4 du fanzine WARDANCE, vous permettra de faire plus ample
connaissance avec la Montée des Âmes Mortes…
Entretien avec Alastrelle (chant)
Propos
recueillis par Hans Cany
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Hans : Bonjour
Alastrelle. Récemment, des changements sont survenus dans la
composition du groupe. Peux-tu s’il te plait nous en parler, et
nous résumer en quelques mots l’istorique de DEAD SOULS RISING ?
Alastrelle : DEAD SOULS RISING s’est formé en
décembre 1993 avec moi (Alastrelle) au chant, Seb à la guitare et
Pascal X à la basse. Notre première démo est sortie chez Darkside
trois mois après la formation du groupe. Nous avons aussi fait
quelques concerts entre Lyon et Grenoble, en première partie des
TORS OF DARTMOOR.
La seconde formation du groupe état
ensuite composée de moi au chant, de Seb à la guitare et de Fabrice
au synthé. Nous avons fait quelques concerts tous les trois,
notamment en premières parties de PROJECT PITCHFORK à Lyon et de
MLADA FRONTA à Montpellier, en participant au festival Nema à
Strasbourg etc.
Après le départ de Fabrice, Seb et moi
avons poursuivi DEAD SOULS RISING en duo, et fin 1995 nous avons
enfin réalisé notre premier CD Ars Magica. En
janvier 1997, nous avons enregistré notre second album Scented
Garden, et nous avons intégré Laurence au violon.
Depuis
quelques mois maintenant, Seb ayant quitté le groupe, Laurence a
intégré le groupe comme guitariste, et c’est aussi elle qui écrit
les nouvelles chansons.
DEAD SOULS RISING le 20/08/1998 (Crédit photo : Trond)
H. : Votre
premier album "Ars Magica", de par son titre même,
laisse présager chez vous un certain intérêt pour la magie et
l’occultisme… Qu’en est-il exactement ?
A. : Ars Magica est un LP essentiellement tourné vers la
magie, le rêve, la poésie et la mort. Il est évident que l’album
est assez froid, mais c’est sans nul doute l’état d’esprit et
les influences musicales du moment qui ont déterminé sa couleur
finale.
H. : Les
paroles de votre morceau « Morphée – Retour aux Enfers »
comprennent une invocation à Lucifer… Que représente à tes yeux
cette supplique adressée au Porteur de Lumière ?
A. :
Les paroles de « Morphée – Retour aux Enfers » font
référence à Charles Baudelaire en s’inspirant d’une période
de la vie du poète marginal, dans sa révolte contre Dieu et son
alliance péremptoire avec celui qu’il nomme le « Prince de
l’exil ». Le texte accentue une vision manichéenne du monde
en mettant en valeur une certaine complaisance issue d’une débauche
profane qui se dilue dans un amour blasphématoire contre l’ordre
divin. Il faut en revanche souligner que ce n’est pas parce que son
contenu est subversif que ce titre véhicule un quelconque message
relatif à l’apologie du mal incarné. DEAD SOULS RISING conteste
tout ancrage sataniste, et s’oriente au contraire vers une
dimension théâtrale. Le fait d’adopter la forme d’une supplique
confère d’ailleurs à « Morphée » une tonalité
sombre, un côté envoûtant qui sublime le profane en sacré. Ce
texte préludait d’ailleurs à un autre hommage à l’auteur à
travers « La mort des amants », un poème qui stigmatise
une dernière étape de l’oeuvre baudelairienne, et qui est quant à
elle sous le signe de la rédemption vers laquelle le poète
s’achemine.
H. : Baudelaire et le
romantisme noir du XIXème siècle semblent donc faire partie de vos
inspirations premières. Qu’est-ce qui vous séduit dans ce courant
intellectuel, littéraire et artistique ?
A. :
Le XIXème siècle est à nos yeux un siècle de prédilection, et
demeure un siècle de références dans de nombreux domaines. On
apprécie de façon générale le climat spiritualiste nimbé
d’étrangeté qui règne à cette époque, et l’effervescence
qu’inspirent entre autres l’avènement du mesmérisme et les
découvertes en matière de psychanalyse. Sur le plan littéraire, on
est en effet sensibles à ce mouvement qu’est le romantisme noir,
notamment parce que ses initiateurs revendiquent le primat de
l’imagination sur la Raison, en affirmant leur goût pour le
surnaturel, l’onirisme. Ils explorent des dimensions que seule
notre imaginaire rend palpables, et trouvent asile dans l’univers
mystérieux et magique des mythes et légendes, et c’est ce qui
nous fascine. Cet engouement caractéristique pour les atmosphères
médiévales où plane l’ombre de la folie, où encore
l’oscillation entre rêve et réalité nous fait pénétrer dans
une dimension fantastique… Cette constellation de thèmes et
d’images aiguise notre intérêt car elle suscite l’épanouissement
des angoisses les plus profondes. On peut enfin dire de la génération
d’artistes issus de ce courant d’inspiration frénétique qu’elle
a ouvert la voie aux esthètes dont la culture fin de siècle figure
également parmi nos sources d’inspiration.
H. :
L’état d’esprit de DEAD SOULS RISING s’oriente-t-il dans le
sens d’une quête spirituelle ? Quel lien y a-t-il entre votre
mode d’expression artistique et votre vision du monde ?
A. :
En fait, le nom du groupe détermine déjà son état d’esprit ;
il s’inscrit plutôt dans ce que l’on pourrait appeler une
dynamique verticale, dans le sens où il évoque un mouvement
ascensionnel, et par-là même une certaine transcendance. Il
illustre l’effervescence spirituelle qui seule permet de s’extraire
de la contingence nauséeuse, et de nous soulever ainsi au-dessus de
notre condition empirique. L’aventure musicale permet
d’expérimenter notre « moi », elle est jalonnée de
médiations qui cristallisent les pulsions d’une quête intérieure,
et qui rejoignent d’ailleurs par extension des interrogations
collectives. On reconnaît donc un itinéraire spirituel, innervé
des discontinuités que suppose ce parcours. Ce sont la passion et
l’inspiration qui constituent des vecteurs d’énergie et nous
stimulent, et ce, sans qu’on ait recours à des dogmes ou autres
théories qui contribuent négativement à une forme d’uniformisation
de la pensée. L’esprit de DEAD SOULS RISING est une sorte de
mosaïque, une synthèse de tous ces éléments. On se façonne notre
propre philosophie, et c’est ce qui constitue l’identité du
groupe.
Quant à notre démarche artistique, celle-ci ne
postule pas un refuge contre le monde ; elle n’est paspar
conséquent en rupture avec lui. Il y a au contraire des corrélations
entre notre conception du monde et notre mode d’expression. On
bénéficie d’une certaine licence d’expression, on est donc
conscients de l’opportunité dont on jouit. C’est parce qu’il
est universel que l’art nous permet de communiquer ! On
utilise parfois des formes plus allégoriques, plus poétiques, parce
qu’elles n’imposent pas systématiquement un point de vue
subjectif, et qu’elles octroient à chacun le pouvoir d’interpréter
les choses selon son libre arbitre. Le support visuel offre
également cette latitude, et entretient cette part de mystère qui
demeure nécessaire.
D’un point de vue plus pragmatique,
beaucoup de causes nous sensibilisent. On s’afflige devant la
violence gratuite de l’individu, ainsi que de ses excès qui ont
une répercussion directe sur la nature et consomment sa destruction.
Ce serait donc contre nos convictions de renvoyer l’image d’un
monde aseptisé, édulcoré.
H. : Et
quelles références musicales citeriez-vous pour décrire vos goûts
et influences en la matière ?
A. : Nous
avons été influencés par les classiques des années 80 :
BAUHAUS, CHRISTIAN DEATH, SIOUXSIE AND THE BANSHEES, XMAL
DEUTSCHLAND, VIRGIN PRUNES, NEVA, THE CURE, ALIEN SEX FIEND, DIAMANDA
GALAS etc.
A présent, nous apprécions aussi bien les groupes
à tendance médiévale tels ATARAXIA, SOPOR AETERNUS, mais aussi
LONDON AFTER MIDNIGHT, DIE FORM, BLACK ATMOSPHERE, ORDO EQUITUM
SOLIS, AUTUMN…
Tendance Electro : COVENANT, RAMMSTEIN,
WUMPSCUT…
Nous ne sommes pas vraiment sectaires !
H. :
Pour finir, que pensez-vous de l’actuelle scène gothique/dark
française ?
A. : En France, la scène
gothique/dark n’a jamais eu beaucoup d’importance.
Nous
espérons vraiment que de nouveaux groupes voient le jour, et que les
concerts goths soient aussi fréquents que dans des pays tels
l’Angleterre ou l’Allemagne.
H. : Un
grand merci pour tes réponses à ces quelques questions,
Alastrelle.
Un dernier mot à ajouter ?
A. :
Nous remercions Wardance, ainsi que tous les gens qui nous
soutiennent et font bouger le mouvement goth.
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