MEKIGAH
Litost
CD
Aesthetic Death
2014
La chose n'étant en soi guère courante, mettons le cap sur la Tasmanie, une grande île montagneuse isolée et sauvage, battue par les vents océaniques et perdue à 200 kilomètres au large des côtes sud-est de l'Australie. Au coeur des profondeurs humides et ténébreuses de ses luxuriantes forêts se terrent d'hallucinantes entités musicales rivalisant toutes d'étrangeté, et ayant en commun de ne guère ressembler à ce qui se fait ailleurs. Parmi elles citons à titre d'exemple ThrOes, projet de Metal extrême inclassable dont Aesthetic Death a d'ailleurs également produit un album en 2016. Mentionnons aussi bien évidemment STRIBORG, qui oeuvrait primitivement dans le registre d'un Black Metal brut, cauchemardesque et complètement autistique, avant de se reconvertir dans un Dark Ambient minimaliste et spectral, tout aussi cauchemardesque.
Et pour faire honneur à la tradition de grande bizarrerie qui semble être devenue norme sur cette mystérieuse île des antipodes, voici donc venir MEKIGAH, dont Litost, sorti en 2014, constitue le troisième album.
Le style de MEKIGAH sort à ce point des sentiers battus qu'il est pour ainsi dire impossible de la catégoriser précisément en le rangeant dans telle ou telle case convenue d'avance. Et à vrai dire, rien n'est véritablement convenu d'avance avec ce groupe énigmatique qui semble tout droit sorti d'un autre monde, son caractère fondamentalement avant-gardiste et expérimental le rendant imprévisible non seulement d'un disque à l'autre, mais même d'un morceau à l'autre... Alors à quoi donc s'attendre ici, globalement ? Entre Dark Ambient et musique de film d'angoisse ou d'épouvante, post-industriel aux sonorités saturées, et Doom Metal agrémenté ça et là de quelques notes de Folk assombrie (guitare sèche, piano, violon...), il s'agit d'une expérience pour le moins singulière qui invite à l'introspection et au voyage psychique, sur fond d'atmosphères singulièrement oppressantes.